Colloque Le concept d Etat a travers les civilisations

Colloque "Le concept d'Etat à travers les civilisations"

Jour 1 : 8h/17h30 - Jour 2 : 8h/17h

Sciences Po Lyon
Amphithéâtre Aubrac
14 avenue Berthelot
Lyon 7ème

A suivre en présentiel ou à distance
Entrée gratuite sur inscription

Colloque organisé par Sciences Po Lyon, en partenariat avec le CERCRID (UMR 5137)

 

Encore l’État ! Tout n’a-t-il pas déjà été dit et redit ? Le sujet n’est-il pas scientifiquement saturé ? Si ce premier mouvement de réticence est parfaitement légitime, il y a tout lieu de penser néanmoins que le retour sur une notion aussi fondamentale – et fondatrice – présente un intérêt toujours actuel.
En quoi, par exemple, l’« État islamique » – ou ce qu’il en reste aujourd’hui – peut-il revendiquer le titre d’État, si de titre il convient de parler ? La Chine de Xi Jinping ou la Russie de Vladimir Poutine se vivent-elles véritablement comme des États et quel sens donne-t-on au mot État en posant cette question ? Que faut-il entendre par État « faible » ou « failli », sinon l’implicite normatif d’un regard occidental sur une réalité qui mériterait d’être saisie pour elle-même ? Dans un autre ordre d’idées : de quel État parle-t-on quand on diagnostique aujourd’hui un retour de l’État à l’heure de la planification écologique, du protectionnisme économique, de la lutte contre les pandémies ou de la montée des populismes ?


Lorsqu’elle valide le vocabulaire usuel, lorsqu’elle le prend pour argent comptant, l’analyse scientifique, pour sa part, se contente de redoubler l’effet de naturalisation de la sémantique de l’État. Elle reproduit insidieusement l’illusion trompeuse d’une matrice universelle des trajectoires politiques. La diffusion du mot ne saurait signifier épanouissement homogène de la chose ; et, inversement, l’appropriation concrète du contenu conceptuel de l’État à l’échelle de la planète ne se fait pas nécessairement selon la sémantique occidentale de l’État. Il faut le rappeler, le concept d’État n’est pas en soi un concept scientifique d’analyse, encore moins une catégorie fondamentale et transcendantale au sens kantien du terme qui saurait être dissociée de ses contextes spécifiques d’élaboration et de réélaboration. Les modalités problématiques de sa diffusion universelle soulèvent précisément la question de l’identité de l’État à travers la diversité des cultures et des civilisations. Quel rapport les civilisations extra-occiden-tales, au-delà des limites évidentes de cette hétéro-désignation, entretiennent-elles au juste avec ce concept né en Europe ? N’y a-t-il pas à rompre avec le langage censément universel du droit international de provenance européenne pour s’introduire à la complexité des cultures ? Qu’est-ce qu’un État depuis un regard non-occidental ? Comment les entités politiques qui ne participent pas de la civilisation occidentale appréhendent-elles le concept ?

L’histoire des sociétés non-occidentales demande à être reconnue dans sa spécificité et sa pluralité sans nécessairement être ramenée à l’aune de l’État westphalien et à ses présupposés développementalistes. L’État ainsi entendu n’est pas une forme politique supérieure aux autres ; disons simplement que sa prétention autocentrée à l’universalité lui a permis de déployer une incroyable force de sollicitation ou d’injonction à l’adresse du reste-du-monde – injonction savamment attisée en retour par le désir d’acquérir les signes extérieurs de l’existence internationale (drapeau, monnaie, armée, hymne, etc.). Lui réattribuer sa spécificité culturelle d’origine, ce n’est pas l’y enfermer, ce n’est pas non plus diagnostiquer une incapacité des autres cultures à l’innovation sociale et politique qu’il a permise, c’est rappeler l’importance qu’il y a, au plan épistémologique, à prendre en compte la diversité des cultures et la spécificité des trajectoires historiques.

Le présent colloque se veut un appel programmatique à une recherche collective qui se donnerait pour tâche d’identifier, répertorier et cartographier les multiples acceptions du concept d’État en faisant un pas – méthodologique – vers sa désoccidentalisation.

Responsables scientifiques

Julien BARROCHE, Maître de conférences HDR en Droit public à Sciences Po Lyon
Gregory BLIGH, Maître de conférences en Philosophie du Droit à Sciences Po Lyon

 

Consulter le programme

 

Plus d'infos

Inscription

Contacts

Julien BARROCHE
julien.barroche @ sciencespo-lyon.fr

Localisation